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   18¼¼±âÀÇ »ç»ó°¡µé : Qu'est-ce que le philosophe ?
  Philosophe, dit le dictionnaire de l¡¯Académie de 1694 : « Celui qui s¡¯applique à l¡¯étude des sciences, et qui
cherche à en connaître les effets par leurs causes et par leurs principes ... On appelle philosophe un
homme sage qui mène une vie tranquille et retirée, hors de l¡¯embarras des affaires ... Il se dit quelquefois
absolument d¡¯un homme qui, par libertinage d¡¯esprit, se met au-dessus des devoirs et des obligations ordinaires de
la vie civile. »
   C¡¯est l¡¯époque où ces traits divers vont se superposant. D¡¯abord le philosophe n¡¯est plus le pédant qui ne jure
que par Aristote ou par Platon, l¡¯homme de métier, le spécialiste, le professeur ; on peut n¡¯avoir jamais fait de
métaphysique et être un philosophe. - Ensuite c¡¯est un savant, qui se sert de sa raison et non pas de sa mémoire : il étudiera l¡¯astronomie, parlera de la pluralité des mondes, et expliquera sinon pourquoi, du moins comment la terre
tourne désormais autour du soleil. - C¡¯est un sage ; et par exemple, il se fera une très douillette vie, entouré d¡¯amis et d¡¯amies, sans ambitionner d¡¯autre place que celle du gouverneur des canards de Saint-James ; la volupté fera
partie de son programme, sans qu¡¯elle y prenne trop de place : une volupté raisonnée. - Libertin d¡¯esprit :
c¡¯est l¡¯essentiel. Il juge de toutes choses avec liberté entière ; et comme le dira plus tard Mme de Lambert,
il rend à la raison sa dignité. Où ces messieurs de l¡¯Académie se trompent, ou du moins prévoient mal l¡¯avenir,
c¡¯est quand ils disent que le philosophe se met au-dessus des obligations et des devoirs de la vie civile. Il voudra,
au contraire, les réformer : point de philosophie sans une pointe de prosélytisme. - Enfin il aura le c©«ur ardent,
mais plus tard ; il faut attendre un demi-siècle, avant qu¡¯il ne s¡¯échauffe et brûle de tous ses feux. Dès ses débuts, le philosophe est hostile aux religions révélées. Si vous dites qu¡¯à la Chine, les conseillers et les favoris de
l¡¯Empereur sont tous philosophes, vous entendez bien qu¡¯ils sont, comme Confucius leur maître, des sages laïques.
Si vous écoutez un philosophe qui parle de morale et d¡¯érudition, vous pouvez être sûr que sa morale ne sera
pas religieuse, et que son érudition n¡¯aura rien de sacré : au contraire. Si vous apprenez qu¡¯un homme a vécu
en philosophe et qu¡¯il est mort de même, vous comprendrez que cet homme-là est mort dans l¡¯incrédulité. [...]

Voir Paul Hazard, « La Crise de la conscience européenne », Paris, Fayard, 1961, pp. 309-310.



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