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   Ŭ·Îµ¨ÀÇ < ºñ´Ü½Å > : Le Soulier de satin de Paul Claudel
Evénement rare, Olivier Py met en scène la version intégrale de la pièce de Claudel. Douze heures à la suite de
Rodrigue et Prouhèze, pèlerins de l'amour et de la douleur.

Comment se peut-il que huit cents personnes entrent dans un théâtre à deux heures de l'après-midi pour n'en sortir que le lendemain à deux heures du matin ? Qu'est-ce qui, dans Le Soulier de satin, de Paul Claudel, les tient et les
retient au point qu'ils ne veulent absolument pas lâcher prise avant la fin de l'intégrale de la pièce la plus longue du
répertoire dramatique français ? Il y aura toujours des bonnes âmes pour dire : le masochisme. On serait tenté de
leur répondre : si seulement... L'affaire serait réglée. Elle ne l'est pas aussi facilement pour ceux qui tentent
l'expérience des douze heures du Soulier.

Car ce n'est pas la durée qui, ici, impose sa loi. C'est le fait que, dans sa forme et dans son contenu, la pièce demande d'abdiquer. Elle s'impose comme une traversée du théâtre où tous les genres seront rencontrés – la comédie et le nô, le drame et le mystère, la farce et la tragédie. Elle s'impose aussi par une histoire qui embrasse le monde
jusqu'aux étoiles, laissant chacun petit, tout petit, face au pari de cette création monstrueuse et fascinante qui
surgit devant lui comme l'univers du magma.

Alors oui, quand le théâtre à ce point englobe et dépasse, le spectateur n'a d'autre choix que d'abdiquer. Il est au
bord d'un fleuve immense et il regarde. Le temps et les mots défilent et décident pour lui. Il se laisse porter. Et
Claudel, en la figure de l'Annoncier qui introduit le spectacle, lui donne d'emblée l'absolution : "Ecoutez bien, ne
toussez pas et essayez de comprendre un peu. C'est ce que vous ne comprendrez pas qui est le plus beau, c'est ce qui est le plus long qui est le plus intéressant, et c'est ce que vous ne trouverez pas le plus amusant qui est le plus drôle."

En 1943, l'année de la création du Soulier de satin (en cinq heures) par Jean-Louis Barrault à la Comédie-Française, Paul Claudel présentait sa pièce en disant : "Le sujet du Soulier de satin, c'est celui de la légende chinoise, des deux amants stellaires qui chaque année après de longues pérégrinations arrivent à s'affronter, sans jamais se rejoindre, d'un côté et de l'autre de la voie lactée."

Ces deux amants, Prouhèze et Rodrigue, ne sortent pas seulement de la légende. Ils doivent beaucoup à Paul
Claudel et à Rosalie Vetch, l'Ysé du Partage de midi. Claudel l'avait rencontrée sur le bateau qui le ramenait de Chine en 1900. Elle était mariée, ils furent amants cinq ans, elle le quitta brutalement, enceinte de lui. Ils se revirent onze ans plus tard, Claudel était marié et père de trois enfants. Cette passion, déchirante et jamais éteinte, se retrouve
dans Le Soulier de satin, pièce testamentaire et grand-©«uvre d'une vie placée sous le signe de la conversion au catholicisme.

Il a fallu attendre 1987 pour que Le Soulier de satin soit créé dans sa version intégrale, mise en scène par Antoine
Vitez dans la Cour d'honneur du Palais des papes d'Avignon. Et il a fallu attendre dix-sept ans pour qu'une autre
intégrale voie le jour : celle d'Olivier Py, qui a été présentée à Orléans, du 12 au 16 mars, avant de partir en
tournée. Olivier Py tenait à mettre en scène Le Soulier de satin dans une salle. Il ne voulait pas de la nuit bruissante du plein air, si bien accordée à la pièce. Il voulait que la parole de Claudel soit entendue dans la fièvre bricolée du
théâtre de tréteaux, "au sein de cette caverne abstraite et close que l'on appelle un théâtre", pour reprendre une
définition de Claudel.

Et c'est bien dans une "caverne" que nous emmène cette mise en scène étonnamment nocturne. On cherchera en
vain la lumière solaire, même dans la nuit qui baigne l'écriture du Soulier de satin. Tout est sombre sur le plateau, où
les places d'Espagne, les remparts de Mogador, les palais et la mer sans fin ne semblent pas compter. L'espace est
celui, fragile et toujours provisoire, de tréteaux de fer et de bois qui ne veulent pas montrer que le monde est grand. Et les deux couleurs qui dominent, rouge et or, appellent le regard sur les lumières intérieures, comme dans une
église.

Ainsi, le soulier de satin, que Prouhèze donne en gage à Vierge, avant de rompre le lien sacré du mariage pour aller
retrouver Rodrigue, ce soulier est rouge sang. Et ce n'est pas une mule, comme il est dit dans la pièce. A cette
chaussure discrète, que l'on peut enlever facilement, Olivier Py préfère un escarpin à talon haut et fin. Une image
flamboyante, guerrière et fragile, en somme, de la féminité. Ce choix n'est pas sans conséquence : privée de son soulier, Prouhèze ne peut que boîter. Sans cesse une part d'elle aspire vers le haut, quand l'autre cherche le sol.

De la même façon, Rodrigue, une fois blessé, porte une botte raide, épaisse, qui monte jusqu'à mi-cuisse et semble
taillée dans le cuivre. Ainsi, les deux amants, qui jamais ne seront un, sauf dans la mort, portent leur combat dans
l'attribut qui les impute. Et cela même qui les unit les sépare.

Etrange union, en effet, que celle de Prouhèze et de Rodrigue, sous le regard d'Olivier Py : c'est l'union de deux
pèlerins de l'amour et de la douleur, dont chacun va son chemin. Rodrigue est un conquérant désarmé dont la
figure de théâtre emprunte à Christophe Colomb. Prouhèze est femme de passion déchirée plutôt qu'amante unique.
Ce n'est pas le même élan qui les porte : elle tend vers la grâce, quand il cherche la ténacité.

Dans son intégrale du Soulier de satin, Antoine Vitez avait omis une scène (la première de la Deuxième journée).
Olivier Py, lui, rajoute un cantique, à la fin de la dernière scène de cette journée. Il est chanté par la troupe au
grand complet (21 comédiens). C'est heureusement la seule fois, mais une fois de trop, où Olivier Py oblige les
spectateurs à subir Le Soulier comme une messe. Pour le reste, la foi affichée du metteur en scène épouse le
combat de Paul Claudel. Mais, dans cette lutte avec l'ange, dans cet appel de la rédemption, chacun peut entendre
un chant profond de l'âme humaine, aussi vaste que le monde.

Olivier Py place sous le signe de la Joie noire, une joie à la Bernanos, sa présentation du Soulier de satin. On le
suivrait s'il maîtrisait la scène, où le bricolage espéré tourne trop souvent au cafouillage douteux. On se sent
mal quand s'exhibe un corps malheureux de femme dans une danse obscène. On se lasse d'une nudité masculine
affichée. Malgré le désordre de ce jeu amateur, Le Soulier trouve sa voie, dans les deuxième et troisième journées,
irradiées par la présense de Prouhèze.

Prouhèze, c'est Jeanne Balibar en sa splendeur. Une femme guerrière et sensuelle, entière et morcelée, luttant à chaque pas pour conquérir son histoire, atteindre l'équilibre dont son unique soulier la prive. Quand Philippe Girard peine à jouer Rodrigue, elle embrasse et étreint la parole de Claudel. C'est Jeanne et Elvire, une Prouhèze lumineuse
jusqu'en ses ombres les plus secrètes. Les trois grandes scènes que la pièce lui offre – avec Pélage, son mari,
Camille, le père de sa fille Sept-Epées, et Rodrigue – inscrivent dans le petit Soulier d'Olivier Py la grâce de moments qui ne s'oublient pas.

Article de Brigitte Salino sur le Monde

Le Soulier de satin, de Paul Claudel, mis en scène par Olivier Py, est présenté au Théâtre national de Strasbourg, du 22 mars au 6 avril (tél. : 03-88-24-88-38), puis au Théâtre de Caen le 13 avril (tél. : 02-31-30-48-20). Il sera repris au Théâtre de la Ville, à Paris, du 20 septembre au 11 octobre (tél. : 01-48-87-54-42).

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 23.03.03

Source : http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3246--313937-,00.html

Lire également : http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/ma/ma_761_p0.html



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